Quand vous faites travailler un artisan
Quand vous faites travailler un artisan, vous achetez plus qu'un service...
Vous achetez un morceau de coeur, une parcelle d'âme...
Changer de regard sur l'artisanat
« Quand vous faites travailler un artisan, vous achetez plus qu‘un service. Vous achetez des centaines d’heures d’échecs et d’expérimentations. Vous achetez des jours, des semaines, des mois de frustration, et aussi de purs moments de joie. Vous n’achetez pas quelque chose, vous achetez un morceau de cœur, une parcelle d’âme, une part de la vie de quelqu’un. Plus important encore, vous achetez à l’artisan plus de temps pour lui permettre de vivre de sa passion. »
Ce texte n’est pas de moi. Je l’emprunte à un artisan de la principale rue piétonne de Saint-Jean-Pied-de-Port, charmant village des Pyrénées-Atlantiques, qui l’avait apposé sur le devanture de sa boutique, invitant le chaland à regarder l’artisanat autrement qu’avec des yeux de consommateur aveugle. Ces mots empreints de simplicité et de sincérité éclairent d’une très jolie façon sur la complexité et la beauté du travail d’artisan, malheureusement rarement perçu à sa juste valeur.
Je ne suis pas artisan mais...
Je ne suis pas artisan : je ne façonne pas un produit de mes propres mains. Néanmoins, j’ai vécu - et je vivrai encore - les centaines d’heures d’échecs et d’expérimentations, les jours, semaines et mois de frustration, mais aussi les purs moments de joie à penser et concevoir de nouveaux imprimés, à réfléchir aux produits sur lesquels les appliquer, à trouver les matières premières en accord avec mes convictions, à chercher les meilleurs sous-traitants et façonniers, à définir mes gammes de couleurs et mes collections.
Tout comme cet artisan dont les propos me touchent et dans lesquels je me reconnais pleinement, je mets dans mon activité un morceau de mon cœur, une parcelle de mon âme, une part de ma vie. Et j’aimerais continuer à partager ce qui m’anime, à proposer le fruit de ma passion, à concevoir et faire fabriquer des produits. Pour cela, il me faut pouvoir en vivre.
Rester en accord avec mes convictions
Lorsque je me suis lancée dans ma nouvelle activité de design textile, j’avais en tête (et cela ne m’a pas quittée) de créer des gammes de produits respectueuses de l’environnement et de l’homme, tout en privilégiant et valorisant le savoir-faire français. Non pas pour dénigrer ce qui est « made in ailleurs ». Oui, de jolies choses sont produites à l’étranger. De moins jolies aussi… Mais là n’était pas la question. Je n’ai pas décidé de créer ma propre marque d’objets et accessoires pour me lancer sur le terrain de la propagande. J’ai des convictions, je les défends. Mais je n’entends pas en faire un argument de vente, ni un prétexte pour prononcer un discours moralisateur.
Faire la lumière sur mes coûts de production
Mon intention est juste d’expliquer, le plus simplement possible, en toute honnêteté et en pleine transparence, pourquoi j’ai fait le choix d’une production locale, et ainsi de faire la lumière sur mes coûts de production.
Ces derniers sont relativement élevés. C’est un fait. Des matières premières à la confection en passant par l’impression ou l’induction, tout a un coût plus élevé en France qu’ailleurs. Pour autant, je n’ai jamais envisagé de faire produire « ailleurs » : la proximité, la réactivité et le savoir-faire de mes fournisseurs et sous-traitants, ainsi que la relation de confiance née de mes collaborations avec eux, ont toujours primé sur le reste.
Agir
Je reconnais que pour les consommateurs, il est plus difficile de mesurer directement l’impact de ses choix et de ses décisions d’achat, d’un point de vue économique ou environnemental. Mais les marques qui œuvrent pour un monde plus doux et plus respectueux communiquent de plus en plus et de mieux en mieux pour sensibiliser le plus grand nombre. A chacune et chacun de faire preuve de bon sens et d’essayer de se projeter dans des lendemains pas si lointains plutôt que de ne considérer que le présent.
En tant que créatrice d’une marque, il m’est beaucoup plus facile d’agir. Certes, ce n’est qu’à mon niveau. Je ne suis qu’une minuscule goutte dans un océan, j’en ai bien conscience. Mais je me refuse – moi qui, par le simple fait de produire ou de faire produire, ai un impact direct sur l’environnement – à ne pas rechercher les matières et systèmes de production les plus respectueux.
Le prix juste
Pour autant, il me faut bien vivre de cette activité. Car, même si mon intention première est d’apporter du sourire, de la douceur et du bien-être avec les produits que j’ai conçus puis fait produire, je suis lucide quant à mes besoins. C’est en vendant à leur prix juste pour mes clients et pour moi que je pourrai continuer à vivre de ce qui m’anime et ainsi continuer à « offrir » des produits de qualité et qui plaisent.
Le prix juste, ce ne doit pas être pas uniquement celui que l’on est prêt à mettre dans un produit.
Le prix juste, c’est celui qui permet de payer les fournisseurs et les sous-traitants, de couvrir les charges de l’entreprise et de dégager une marge suffisante pour réinjecter de la trésorerie afin de pouvoir continuer à produire.
Le prix juste, c’est tout cela.
Et bien plus encore.
Tellement plus.
Pour reprendre les mots de cet artisan, le prix juste, c’est celui qui permet d’acheter « un morceau de cœur, une parcelle d’âme, une part de la vie de quelqu’un ».
Et un bout de mon histoire.
Comments est propulsé par CComment