Mon histoire avec le rose (mais pas que)

entete article mon histoire avec le rose mais pas que Confidences VcommeSamedi

J'ai toujours vu la vie en couleurs. En rose surtout.
J'aime l'énergie et la délicatesse de cette teinte tout en gaieté et si pleine de vie.

 

Une longue histoire


Les couleurs et moi, c’est une longue histoire que j'ai commencé à raconter ici

Les couleurs et moi, c'est une histoire qui se raconte essentiellement à travers mon intérieur et les produits que je fais fabriquer. Mon chez-moi et les articles V comme Samedi sont ma palette de peinture. J'y travaille mes nuances, j'y expérimente des teintes, j'y fais des aplats. Comme le peintre, je joue avec les couleurs, je m'essaie à de nouvelles, j'envisage des associations - parfois audacieuses.

Les couleurs et moi, c’est une histoire sans fin. Une histoire qui s’enrichit chaque jour de tout ce que mon regard perçoit et mon cœur ressent.
Les couleurs et moi, c’est une histoire de vibrations. Une histoire finalement difficile à relater car elle a trait à l’émotion.
J’en avais donc débuté le récit dans cet article, et je m'en vais le poursuivre à présent.

 

Le rose et moi, ce n'était pas gagné.


Aujourd’hui, j’ai envie de parler du rose. Le rose que j’abhorrais tant lorsque j’étais petite fille. J’ignore pourquoi. Je n’ai jamais vraiment cherché à comprendre l’origine de cette détestation. Ma couleur favorite était, de loin, le bleu marine.

A cette époque, mes velléités de couleurs se manifestaient essentiellement à travers mes dessins et peintures. Parfois aussi - mais plus rarement il faut bien l’avouer - avec les habits. Ceux-ci ne m’intéressaient pas vraiment, je n’y accordais pas beaucoup d’importance. A part mes bottes rouges - que l’on avait toutes les peines du monde à me faire retirer ! - et un pull bleu marine, peu d’attributs vestimentaires trouvaient grâce à mes yeux. Mais surtout, plus que la coupe ou le style du vêtement, c’était sa couleur qui m’importait. Et le rose était banni de ma garde-robe. Par moi-même.

Pas comme les autres...


Etait-ce dû à mon côté « garçon manqué » comme on dit ?
Je n’aimais pas jouer à la poupée - je préférais de loin les peluches. Un jour, à l’heure du bain, j’avais essayé de faire comme mes copines : j’avais attrapé une poupée - la seule que je possédais et que j’avais certainement demandée en cadeau juste pour faire comme les autres - et je m’étais mise à la coiffer et à lui changer ses habits. Je n’avais tenu que quelques secondes : j’avais jeté le jouet de plastique en décrétant que c’était vraiment trop nul. Je ne voyais pas quel plaisir on pouvait trouver à jouer à la poupée.
Je détestais aussi les jupes et les robes - je traînais toujours en pantalons et baskets quand je ne portais pas mes bottes rouges.
J’avais beaucoup de copines et de copains - mais je délaissais souvent les filles pour aller jouer au ballon dans la cour de récréation et j’étais la championne en déli-délo.
Je ne me laissais pas faire - et il ne valait mieux pas venir me chercher.
Je n’aimais pas que l’on fasse des histoires sur tout et n’importe quoi, et encore moins sur n’importe qui - les histoires, je préférais les inventer et les écrire.

Je me sentais un peu à part - tout en étant entourée et appréciée des autres.
J’étais un peu à part. Mais je ne le vivais pas mal. Je crois que, très jeune, j’ai eu conscience que la différence était partout et que l’essentiel résidait dans l’acceptation, par chacun, de sa singularité tout autant que de celle des autres.
Ma singularité résidait essentiellement dans mes goûts et mes centres d’intérêt. En l'occurrence, j’étais une petite fille qui n’aimait pas le rose. Mais pas que.
 

La couleur, déjà essentielle


Je me souviens d’un cadeau que ma grand-mère maternelle m’avait fait quelques années plus tard et qui m’avait profondément vexée, alors qu’elle ne voulait que me faire plaisir : elle m’avait offert une boîte à couture en forme de maison… recouverte d’un tissu fleuri rose. Sacrilège ! D’autant plus qu’elle avait fait le même présent à ma sœur de cœur… mais sa boîte était bleue !
Je ne m’étais pas retenue pour faire part de ma déception et de mon mécontentement - il faut dire que, bien que calme et souriante la plupart du temps, je me laissais parfois aller à de jolies colères qui en faisaient voir de toutes les couleurs à mon entourage ! Ce jour-là, je n’avais pas compris que ma grand-mère pût ignorer que j’avais le rose en horreur et que je ne jurais que par le bleu. J'étais contrariée - mais pas suffisamment pour me débarrasser de l’objet du délit.
La boîte à couture a d’ailleurs toujours beaucoup représenté pour moi. C’était une façon pour ma grand-mère de me transmettre quelque chose qui venait d’elle et la racontait - elle avait été couturière. Et ça, cela me touchait déjà. La transmission, ainsi que je l'évoque dans cet article, a toujours beaucoup représenté pour moi.
Ce dont je me souviens comme si c’était hier - alors que la scène a eu lieu il y a plus de trente ans - c’était ma fixation sur la couleur, et non pas sur l’objet en lui-même - qui pourtant à l’époque était très éloigné de mes souhaits de jeune fille !
Je suis rentrée chez moi en bougonnant, avec la boîte à couture sous le bras dont je n’avais même pas pris la peine d’explorer le contenu.

article mon histoire avec le rose mais pas que bobine de fil et de a coudre Confidences VcommeSamedi
Le rose, enfin


Les années ont passé. Je dessinais moins. J’écrivais beaucoup plus. La couleur s’était faite plus discrète dans ma vie. Plus que la couleur, c’était l’ambiance et l’énergie des lieux dans lesquels je me trouvais auxquelles j’étais désormais davantage sensible.

J’entrai dans l’âge adulte préoccupée par mes études et mon avenir. Je n’avais plus beaucoup de place pour le reste. Mes cours prenaient quelques couleurs - celles de mes stylos et surligneurs - mais ils étaient bien les seuls. Quand vint le temps de quitter le nid familial et avec lui celui de l’aménagement de mon intérieur, la couleur a surgi de nouveau : elle m’était indispensable pour démarrer ma vie de jeune adulte. La boîte à couture - jusque-là un peu ignorée - m’avait suivie et pour la première fois, je m’étais surprise à la regarder différemment - le rose après tout, ce n’est pas si moche - et à en détailler un peu plus le contenu : des bobines de fils de toutes les couleurs s’alignaient au fond à côté de plusieurs petites boites contenant aiguilles, mètre ruban, épingles à nourrice, ciseaux miniature et dé à coudre.

Penser mon intérieur de façon à m’y sentir le mieux possible - ainsi que je l’avais fait jusqu’alors avec ma chambre - était une évidence. J’avais déjà l’essentiel des meubles. Parmi eux, une bibliothèque que mon père avait fabriquée il y avait fort longtemps et qu’il fallait repeindre. J’ai aussitôt pensé à du rose. Y avait-il un lien avec la boîte à couture ? Je l’ignore. Mais le fait est que la bibliothèque s’est teintée de vieux rose pour quelques années.


Toutes les couleurs aussi


La couleur avait de nouveau investi ma vie en se posant sur les murs et les meubles de mes intérieurs - et bientôt, sur mes leçons et dans mes classes.

Chez moi, je crois pouvoir dire m’être essayée à toutes les teintes, depuis le jaune jusqu’au gris, en passant par le bleu, le violet, le rouge et le vert, parfois par touches dominantes, parfois en jouant la carte multicolore.
Je crois pouvoir dire aussi m’être essayée à tous les styles, depuis la tendance provençale jusqu’à la récente scandinave, en passant par l’esprit industriel ou vintage.

Aujourd’hui, mon intérieur me semble avoir atteint un point d’équilibre. Comme si toutes les années passées avaient été des temps d’expérimentations et de quête. Je ne cherche pas un style précis ou une couleur unique. J’aime au contraire jouer la carte du « mix and match » qui permet tout à la fois l’audace et la sagesse. Il me permet surtout de ne pas me limiter, de m’écouter, de laisser libre cours à ce qui me touche et m’apaise, et surtout de ne pas rester figée dans un univers dont je pourrais me lasser ou qui ne me parlerait plus.
Je peux ainsi m’autoriser à apporter une touche de couleur ou au contraire estomper cette dernière.
Je peux ainsi m’amuser à ajouter une pièce de mobilier sans prendre le risque de dénaturer l’ensemble.
Je peux ainsi vouloir changer de luminaire ou de coussin sans me poser la question de l’harmonie, puisque celle-ci, à mes yeux, réside justement dans le mélange et surtout pas dans le « total look ». Tout devient aussitôt plus subtil car non figé.

article mon histoire avec le rose mais pas que tasse et soucoupe rose cerises Confidences VcommeSamedi
Et le rose dans tout ça ?


Le rose, j’avais fini par l’accepter. Puis, peu à peu, je me suis mise à l’aimer.

Il n’a jamais occupé une place prépondérante dans mes chez-moi. Il s’y est plutôt posé par touches. Un tapis en camaieu de rose occupait mon salon, un pouf rose fuchsia côtoyait d'autres assises, un cadre dont le fond était en velours rose bonbon habillait un pan de mur, le côté du frigo avait été recouvert d'une peinture à tableau rose vif, quelques pièces de vaisselle avaient investi mes placards. Mais il y avait tout un univers de couleurs autour : le rose était une couleur parmi d’autres - parmi beaucoup d’autres !

Je conviens cependant qu’à cette période - ma période multicolore - mon séjour semblait avoir pris une teinte rosée au point que mon fils aîné l’avait un jour souligné en ces termes : « Je trouve qu’il y a beaucoup de rose ici ! » auxquels j’avais répondu : « Et alors ? J’adore le rose, j’ai le droit d’en mettre ! ». Quand je pense que je détestais cette couleur…

Du rose, oui il y en avait. Mais pas plus que les autres couleurs. Pour autant, c’était lui qui dominait… et de ce fait finissait par écraser les autres teintes, pourtant vives. J’ai fini par me lasser de cette accumulation de couleurs. Ou plus exactement, toutes ces couleurs ensemble ne m’apportaient plus ce dont j’avais besoin désormais.

Résonnance(s)


A bien y réfléchir, je réalise, sans en avoir vraiment pris conscience sur le moment, que le rose a toujours agi en résonnance avec ce que je vivais. Il en est de même avec les autres couleurs - chaque couleur a ses propres significations et empreintes - mais j’ai le sentiment que le rose amplifie tout. Le rose est une couleur à part. Une couleur clivante. Bien plus que les autres ne peuvent l’être.

Est-ce dû au fait qu’elle soit tout à la fois la couleur de la féminité, de la séduction jamais excessive, du romantisme et tout autant celle de la tendresse et du bonheur ?
Est-ce parce qu’elle peut être vibrante tout en étant douce, vivante tout en étant chaleureuse, dynamique tout en étant délicate, selon les nuances dont elle se pare ?
Est-ce parce qu’elle procure confort, sérénité et raffinement ?
Est-ce parce qu’elle est rassurante et rappelle l’innocence de l’enfance ?

Sans doute.

L’innocence de l’enfance m’avait quittée très tôt : peut-être est-ce là la raison de mon rejet du rose de longues années durant...
Puis je l’avais retrouvée auprès de mes enfants et aujourd’hui encore je tiens à la préserver, même s’ils ne sont déjà plus des tout-petits : peut-être est-ce là la raison de ma réconcilation avec le rose.

Le rose est donc revenu dans ma vie sans que je n’y prête vraiment attention. Aujourd’hui, il y a toute sa place : je m’autorise à le distiller un peu partout. Mais il n’envahit pas mon chez-moi : il y est présent, de façon subtile, souvent à travers un accessoire qui vient réveiller ou adoucir l’ambiance… et, de ce fait, le moral.

article mon histoire avec le rose mais pas que ambiance de travail apaisante Confidences VcommeSamediL'envie de jouer avec les couleurs

Lorsque j’ai créé V comme samedi, mon intention première était d’éditer ma propre ligne de tissus. J’adorais l’idée de pouvoir donner vie à mes motifs et encore plus de les proposer en autant de coloris que je le souhaitais. C'était d'ailleurs ce qui m'inspirait le plus : avoir la liberté de choix des couleurs qui allaient habiller mes dessins.
Mes palettes chromatiques ont, dès le début, fait la part belle au rose et, aujourd'hui encore, il y occupe une place à part - et même de choix : décliné en rose malabar, en fuchsia et en tant d'autres nuances, il donne joliment vie à mes imprimés et habille gaiement les tissus dont sont faits mes coussins.

J’ai ensuite cherché sur quels autres supports je pouvais appliquer motifs et couleurs. Depuis longtemps passionnée de papeterie - j’achète constamment des carnets - j’ai décidé de créer et distribuer mes propres modèles de cahiers et de cartes postales. Je jubilais encore plus : j'avais trouvé là le moyen de conjuguer les mots que j'aimais tant à toutes les couleurs - et surtout en rose ! - sur des supports de papier dont j'étais si friande !  

Le rose est bien souvent la première couleur qui me vient à l’esprit lorsque j’ai en tête un nouveau motif ou un nouveau produit. Il s’accorde si bien avec mon état d’esprit optimiste que je me plais à le décliner en de multiples nuances, des plus douces aux plus vives. Je m’amuse ensuite avec d’autres couleurs, pour la plupart pétillantes.

Finalement, ce n’est pas tant une couleur en particulier qui importe. Avant tout, ainsi que je l’écrivais au début de cet article, c’est une histoire de vibrations.

Si une couleur entre en résonnance avec moi, je l’accueille car, s’il en est ainsi, c’est que cette couleur a quelque chose à me raconter - et donc à m’apporter. De même, si à un moment, je ressens le besoin d’une explosion de couleurs, ou au contraire, d’une atténuation chromatique, j’écoute ce besoin et je l’applique chez moi, sur moi - car aujourd’hui, les vêtements, sans être devenus ma passion, sont, avec les accessoires, un élément de mon identité dont la couleur m’importe beaucoup - et sur mes produits.

Plus qu’une couleur, c’est l’harmonie de celles que je travaille qui compte à mes yeux. L’harmonie visuelle qui crée l’harmonie intérieure..
Si l’harmonie naît grâce à une couleur, je veille à ce que celle-ci soit présente.
Si l’harmonie est favorisée par le mariage de plusieurs couleurs, je le célèbre.


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